Monument à la mémoire des soldats morts pendant le siège de Paris de 1870-1871

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Monument à la mémoire des soldats morts pendant le siège de Paris de 1870-1871
Présentation
Type
Partie de
Fondation
Commémore
Architecte
Alfred Rivière (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Créateurs
Jean-Baptiste-Charles-Émile Power (d), Jean-Louis-Désiré Schrœder, Camille Lefèvre, Émile Houreau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Matériau
Commanditaire
Hauteur
6,5 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Longueur
12 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Largeur
12 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Surface
144 m2Voir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire
Localisation
Adresse
Avenue circulaire, division 64, cimetière du Père-LachaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Paris
 France
Coordonnées
Carte

Le monument à la mémoire des soldats morts pendant le siège de Paris de 1870-1871 est un monument aux morts élevé par l'État français et situé au cimetière du Père-Lachaise.

Historique[modifier | modifier le code]

Quelques monuments élevés aux soldats morts pendant la guerre franco-allemande de 1870.

Le traité de Francfort du prévoit que « les deux gouvernements français et allemand s'engagent réciproquement à faire respecter et entretenir les tombeaux des soldats ensevelis sur leurs territoires respectifs ». La France transcrit ce principe dans la loi française du qui prévoit d'« assurer à tous les combattants, indistinctement réunis dans la mort, une sépulture digne des deux nations qui s'étaient combattues en un duel gigantesque »[1]. Il s'agit pour la France d'enterrer 37 859 soldats français, 21 876 soldats allemands et 27 661 soldats dont la nationalité n'est pas connue[2]. L'État achète ou se voit offrir des parcelles des cimetières communaux ou exproprie les terrains non-clos où se trouvaient des restes de soldats pour y aménager des tombes garnies d'un entourage en fonte correspondant à un modèle réglementé avec une plaque portant la mention « Tombes militaires - Loi du  »[3].

Pour la ville de Paris, il est décidé de laisser 4 413 militaires français inhumés dans le cimetière des hôpitaux[4]. 189 gardes nationaux sont transférés au cimetière du Père-Lachaise dans un monument construit à l'aide d'une souscription et inauguré le afin d'honorer la mémoire des gardes nationaux de la Seine tués au combat de Buzenval le [5]. Enfin l'État français construit deux monuments funéraires pour commémorer le siège de Paris qui s'est déroulé du au . Le rapport ministériel d'Émile de Marcère au sujet de l'exécution de la loi du , relative aux tombes des militaires morts pendant la guerre de 1870-1871, fait état de 2 133 dépouilles réparties entre le monument du Père-Lachaise et celui qui se trouve au cimetière du Montparnasse[4].

Une délibération du conseil municipal de Paris du concède à l'État un terrain au cimetière du Père-Lachaise d'une superficie de 144 m2. Danielle Tartakowsky précise qu'en , les dépouilles de 1 031 soldats français et 22 Allemands sont transférées dans le monument de la rive droite[6]. L'inauguration du monument prévue initialement le n'a pu avoir lieu et a été reportée à au mois de novembre[7], car si le monument de la rive droite était à peu près fini, celui de la rive gauche n'avait pas encore sa colonne et les socles des sculptures n'étaient pas terminés[8],[9]. La construction du monument du Père-Lachaise est achevée en [10],[11],[12].

La même année les statues sont exposées en plâtre au Salon sous les numéros 5169[13], 5293[14] et 5362[15],[16].

Un dessin du monument datant des années 1880 a été retrouvé dans une carrière de Touraine[17].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Le monument est situé en première ligne de la 64e division du cimetière du Père-Lachaise, près du monument à la mémoire des gardes nationaux de la Seine tués au combat de Buzenval. La concession gratuite par arrêté préfectoral en date du est située sur un terrain en forme de carré de 12 mètres de côté[4].

L'article du publié dans L'Univers illustré indique que le monument est construit tout en granit gris de Cherbourg sur les dessins de l'architecte Alfred Rivière[16],[18]. Le soubassement, de forme carrée, porte en sculpture des couronnes et des branches de chêne et de laurier des ciseaux d'Émile Houreau[19] ; deux médaillons sont réservés pour les inscriptions. Au pied de la pyramide de 6,50 mètres de haut se trouve, aux quatre angles, des boulets de canon.

Quatre statues allégoriques sont placées aux angles du piédestal. Ces groupes, de grandeur naturelle, représentent « un artilleur, sombre et résigné », par Jean-Baptiste-Charles-Émile Power, « un garde mobile d'un aspect énergique » par Camille Lefèvre, « un soldat de ligne, portant au col de la capote le numéro du 82e régiment et un fusilier marin, fièrement campé, béret sur la tête », indiquant le nom de l'Invincible[20] par Louis Schrœder[18]. Ces quatre statues en fonte ont été fondues par Denonvilliers[18].

Autour du monument est un petit jardin qu'enferme une grille très simple[18]. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, les familles prirent l'habitude d'y accrocher des photographies dans des cadres de deuil, des bouquets d'immortelles, des rubans tricolores voilés de crêpe pour les soldats partis à la guerre[21],[22]. Amédée Fraigneau décrit cela dans Le Monde moderne en 1896 :

« Aux jours des grandes fêtes mortuaires, l’homme le plus sceptique ou le plus endurci ne peut rester impassible devant la grille de ce monument où défilent les vêtements noirs des mères, des sœurs, des fiancées. On y aperçoit, accrochés aux barreaux de fer, des photographies dans des cadres de deuil, des bouquets d’immortelles, des rubans tricolores voilés de crêpe ; on y lit des adieux touchants, on y entrevoit des désespoirs sans bornes. Et l’on devine parfois, dans ces petites vieilles femmes voûtées, agenouillées devant cette grille, un pauvre cœur de mère qui saignera toujours ! Il y a là les noms des victimes du Sénégal, de la Tunisie, du Soudan ; mais surtout, surtout, du Tonkin et de Madagascar. »

Les caveaux s'étirent sur 12 mètres de haut et en tout les fondations vont jusqu'à 40 mètres de profondeur. Les entrepreneurs ayant réalisé ce monument sont Lepoutre et Héricourt[4].

Inscriptions[modifier | modifier le code]

« Monument élevé par l'État aux soldats morts pendant le siège de 1870-1871 »

« Tombes militaires. Loi du . »

Illustrations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gerald Arboit, « À nos morts, médiatiser la mort au champ d'honneur : un enjeu mémoriel et politique », Quaderni, vol. 62, no 1,‎ , p. 81–92 (DOI 10.3406/quad.2006.1705, lire en ligne)
  2. (en) Karine Varley, Under the shadow of defeat : the war of 1870-71 in French memory, Palgrave Macmillan, (ISBN 978-0-230-00519-8, 0-230-00519-5 et 0-230-58234-6, OCLC 148904669, lire en ligne), p. 60-61
  3. Code des lois, décrets, ordonnances et arrêtés sur l'enregistrement, le domaine, les hypothèques, le timbre et les droits de greffe, annoté et mis au courant jusqu'au 1er janvier 1903., (lire en ligne), p. 262-263
  4. a b c et d Émile de Marcère, Exécution de la loi du relative aux tombes des militaires morts pendant la guerre de 1870-1871, (lire en ligne), p. 230-231
  5. « Informations », Le XIXe siècle,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  6. Danielle Tartakowsky, Nous irons chanter sur vos tombes : le Père-Lachaise, XIXe – XXe siècle, Editions Aubier, (ISBN 2700723104 et 9782700723106, OCLC 406875675), p. 31-32
  7. « Les monuments funéraires de 1870-1871 à Montparnasse et au Père-Lachaise », La France,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  8. « Lettres, sciences et beaux-arts », La France,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  9. « Paris au jour le jour », La Petite Presse,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  10. « Nouvelles diverses », L'Univers,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  11. « Les tombes militaires 1870-71 », La Petite Presse,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  12. « Ossuaires de Montparnasse et du Père-Lachaise », Le Petit Journal,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  13. « Base Salons », sur salons.musee-orsay.fr (consulté le )
  14. « Base Salons », sur salons.musee-orsay.fr (consulté le )
  15. « Base Salons », sur salons.musee-orsay.fr (consulté le )
  16. a et b Henry Jouin, « La Sculpture dans les cimetières de Paris : Cimetière de l'Est (Le Père-Lachaise) », Nouvelles Archives de l'art français, Paris, vol. 13,‎ , p. 170 (lire en ligne)
  17. Nicolas Viault, « La carrière Nordenskiöld - La carrière des cinq Œuvres », sur troglos.free.fr (consulté le )
  18. a b c et d R. B., « Le monument funèbre », L'Univers illustré,‎ , p. 695 (lire en ligne)
  19. Henry Jouin, Inventaire général des richesses d'art de la France. Paris, monuments civils. Tome 3, (lire en ligne), « Monuments ou statues érigés par l'État, par la ville ou à l'aide de souscriptions et sépultures historiques entretenues par la ville dans les cimetières de Paris », p. 261-262
  20. L'Univers illustré indique que le béret comporte l'inscription L'Enviable.
  21. Paris exposition 1900 : guide pratique du visiteur de Paris et de l'exposition, Hachette, (lire en ligne), p. 150–154
  22. Amédée Fraigneau, « Au Père-Lachaise », Le Monde moderne,‎ , p. 681–698 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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